Une étape à Andasibe
Rédigé par λβ / 12 octobre 2024
A Andasibe, installé à une table de la vaste terrasse boisée du Feon'ny Ala. La nuit a pris place à six heures et quart en cette soirée d'une journée à moto, de l'Océan 501 sur l'Océan Indien à la froide forêt du Centre-Est qui nous entoure.
Cinq heures et demie de route finalement. Le parking est rempli de véhicules de chauffeurs-guides ou d'agences de voyages, ils ont amené ici ces touristes emmitouflés qui se remémorent eux aussi leur journée en parlant anglais ou chinois. Les pluies, les nuits et les jours d'averses légères ont collé la poussière au fond des cratères et des bassines creusés dans les longues portions de la route détruite, mangée, mâchée et recrachée on ne sait où.
Un étang peu profond, comme une grande mare, se trouve au pieds des pilotis, d'où le son des grenouilles et des insectes est accompagné des bruits des bois environnants. A peu de distance se trouvent l'entrée du parc national et de celui des villageois, on les rejoint en prenant une petite route on bon état qui résiste aux années et au bout de laquelle se trouve le village et une gare ferroviaire où une Micheline partant de la gare de Soarana, à Tananarive, m'avait conduit il y a des années de cela.
Malgré les obstacles, les kilomètres et les heures, l'on passe un matin de la douceur tropicale de l'hiver au froid d'un soir en forêt. Cette magie du voyage légèrement grisante, une part de son génie, m'étonne, m'occupe, me distrait, m'attire et recueille enfin mon attention laissée à travers les mille virages de la RN2. Ivre de verdure et d'asphalte claire ou boueuse, la moto remonte toute la file des véhicules depuis la mer jusqu'ici, franchit les aléas, dépasse les containers, laisse les voitures rapides rétrograder dans les crevasses de la chaussée... A un moment sur le chemin, après m'être assuré de la voie devant moi, je ralentis pour contempler le paysage ; au virage suivant c'est un poids-lourd qui a traversé sa voie, prenant la gauche face à moi pour contourner un obstacle. J'apprécie ce signe ou cet appel au calme bienvenu... parfois on ne peut éviter certaines choses. Elles doivent arriver, ou non.