La nouvelle route d'Ambatondrazaka
Rédigé par λβ / 16 octobre 2024
Après cette étape à Andasibe, Moramanga, où il est temps de prendre la direction d'Ambatondrazaka, région Alaotra-Mangoro. C'est une route qui file au Nord en longeant la voie ferrée MLA – Moramanga-Lac Alaotra. Neuve, l'asphalte est encore immaculée.
Des marquages au sol, des panneaux de signalisation en béton, copies maladroites de leurs modèles en France. Tout le long et parfois situé dans des zones déroutantes, des ralentisseurs flambant neufs, des « dos d'âne » ou « gendarme couché » qui après une soixantaine de kilomètres cessent d'avoir des dimensions ordinaires et prennent une hauteur extravagante qui doit forcer les petites voitures de tourisme à les gravir au pas et de travers.
Morne et triste sur le premier tiers, le paysage de la RN44 tente de s'embellir une fois passée la steppe parsemée de jeunes eucalyptus en attente d'être débités et fumés en morceaux de charbon de bois. Petites collines – tanety – formant un relief à travers lequel la route sinue, premières rizières et parcelles de culture d'un vert brun pâle en cette saison hivernale. La jonction avec la RN3A arrive enfin, on roulait à vive allure, oubliant les petites moyennes sur la RN2. Il reste encore environs 25 kilomètres de route abîmée par endroits, puis, bâtie en partie sur les collines et dans la plaine, la petite ville se présente enfin après les derniers virages.
Visite de la ville
Nous sommes restés dans le passé. Le pourtour de collines qui entoure l'agglomération est demeuré vierge. Ce centre d'activité économique attire des environs une population rurale, agricole, arrivant à pieds, en benne attelée à un motoculteur pétaradant ou à taxi-moto. La densité humaine est faible comparée aux villes en explosion démographique. Dans le centre, en dehors du quartier du marché, les rues sont presque vides sous le soleil et dans l'air qui s'agite un peu, entre les anciennes demeures coloniales et malgaches, et les bâtiments modernes de style cubiste.
La Nationale 44 débouche dans la partie haute de la ville, la poursuivre au-delà nous mènerait vers le nord du lac Alaotra qui échappe à notre vision. Une série de rues et d'avenues adjacentes ou transversales descendent vers la ville basse où se trouve le marché et la majeure partie des commerces. Dépendances de ministères, de nombreux bâtiments publics se répartissent dans les deux partie de la commune. La première est la plus ancienne et si l'on peut s'en référer déjà à Radama Ier et la conquête de la régions par les rois Merina, elle doit en réalité remonter au XIXème et début du XXème siècle, l'expansion dans la plaine ne datant que des années 80. Aussi ne découvre t-on pas réellement le plan quadrillé de Tamatave, Diégo Suarez ou Antsirabe, mais de larges pâtés de maison, quadrilatères irréguliers rendant l'orientation facile.
Je trouve mon hôtel pour la nuit dans l'avenue pavée qui débouche sur l'entré Sud du marché, « Le Vahiné », un établissement trop luxueux contrastant avec le reste du centre-ville. La population renvoie cette impression d'activité, de travail mais non de quelque richesse, ou bien se cache t-elle. Peu ou pas de voitures, de rares motos neuves ou récentes, des cyclo-pousses, tuk-tuk et une multitude de taxi-motos utilisant des vieilles motocyclettes du siècle dernier. En discutant avec l'un des chauffeurs ayant conduit une délégation religieuse à l'hôtel, j'apprends que les Bezanozano qui peuplent Moramanga sont une sous-ethnie des Sihanaka de la région. On trouve également sur Internet des informations faisant état d'une migration originelle des ancêtres de cette ethnie depuis la région de Vangaindrano, dans le Sud-Est de l'Ile.